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Mes contes, mes poèmes, mes calligraphies, mes dessins, mes peintures ( aquarelle, encre de Chine...), aïkido...

26 Sep

Lumières du soir - Acte I

Publié par Françoise Heyoan  - Catégories :  #Théâtre

 


ACTE I


Les acteurs sont tous habillés de blanc.

Ce sont les spots qui colorent leurs costumes,

de la même couleur que celle de l'éclairage

de leur fenêtre, vue de la place.


Une place. Une façade d'immeuble donnant sur la place.



Le noir sur scène.

Une première fenêtre s’allume. Elle paraît blanche.


Scène 1

La famille de la blanchisseuse du quartier :

la mère - Margot, la fille d’une douzaine d’années -

le père - Joachim, le fils de dix-sept ans .


La blanchisseuse, à sa fille : Va me changer de tenue ! Tu as vu ces taches ?! Non mais, quelle souillon !


La fille lance une œillade furibonde à sa mère. Elle ne bouge pas. Le père les ignore, occupé à regarder la télévision. Le fils arrive, un sac sur l’épaule.


La mère : C’est à c’t’heure-là qu’t’arrives ?


Le fils s’approche et l’embrasse comme s’il embrassait un sac de farine. Puis il va directement dans sa chambre.

La mère, à sa fille : Margot, mets la table !


Margot, en sourdine : S’IL-TE-PLAIT... Puis, à haute voix : Pourquoi ce serait encore à moi de mettre la table ? Pourquoi pas à Joachim pour une fois ?


La mère la regarde de travers : Tu t’es changée au moins ?


La fille ne répond pas et va s’asseoir dans le canapé avec son père...


La mère se tache avec l’huile de la poêle : Oh zut ! C’est pas vrai !


La fille rit sous cape.


La mère ôte sa blouse blanche et la met dans la machine à laver qu’elle lance automatiquement. Elle va vers le porte-manteau où l’attend une autre blouse blanche fraîchement repassée sur un cintre et l’enfile. Elle commence à mettre la table...



Une deuxième fenêtre s’allume à la façade de l’immeuble.

La lumière est jaune.


Scène 2 -

Un jeune couple avec un bébé.


La femme, à son mari, montrant le bébé qu'elle a au sein : Regarde comme il est mignon ! Tu as vu ? Il me sourit en même temps qu’il tète...


L’homme s’approche et s’agenouille pour mieux voir bébé, installé sur les genoux de sa mère, elle-même assise dans le canapé. Le couple s’embrasse. L'homme s’assied à côté d’eux et prend un livre. La femme referme sa chemise et pose le bébé dans son relax. Elle va préparer le repas et son mari se lève pour mettre leur table à tous les deux. Tout à coup, on entend le bébé hurler. Aussitôt, la femme lâche tout ce qu'elle fait, entrouvre son corsage et présente le sein au bébé.


Le mari, éberlué : Tu es sûre qu'il a faim ? Tu  viens  de  lui  donner  le  sein !...


La femme, en colère : Je sais quand même de quoi il a besoin, non ?


Et elle fourre le sein d'office dans la bouche du bébé.



Une troisième fenêtre s’allume à la façade de l’immeuble.

La lumière est orange.


Scène 3-

Elyona, jeune femme célibataire

ayant invité des amis.


Tout le monde mange ou danse, discute ou se détend dans le salon. Au moment où les gens s'en vont, une invitée se tourne vers Stellio, un jeune homme.


L'invitée : Tu viens, Stellio ?


Stellio, regardant Elyona, leur hôtesse, droit dans les yeux : Non ! Je ne viens pas...


La jeune femme : Ha bon ?


Elle s'en va. Elyona et Stellio restent seuls, à se regarder avec amour.



Une quatrième fenêtre s’allume à la façade de l’immeuble.

La lumière est rouge.


Scène 4 –

La famille de l'écrivain.


La mère, devant l'ordinateur, tape un texte. Le père, assis à table, dessine. Le fils est occupé devant un autre ordinateur, des écouteurs dans les oreilles. Il chante du métal et marque le rythme avec son corps, sans s'en rendre compte. La fille est devant la télévision, un casque sur les oreilles. L'atmosphère est tranquille et presque silencieuse.



Une cinquième fenêtre s’allume à la façade de l’immeuble.

La lumière est violette.


Scène 5 –

Un jeune couple.


Ils sont au lit, très occupés. On ne voit que les draps qui remuent violemment. On entend des soupirs et des mots murmurés, inintelligibles. Des rires étouffés, aussi.



Une sixième fenêtre s’allume à la façade de l’immeuble.

La lumière est bleue.


Scène 6 –

Un couple de retraités. Le chat et le chien.


La femme, occupée à peindre un tableau, au chat : Qu'est-ce que tu veux encore, minou ? Je t'ai déjà donné à manger...


Le mari, le nez dans le journal, à sa femme : Tu le nourris trop, ce chat ! Il ne mange même pas les souris...


La femme : Tu trouves toujours à redire ! T'as qu'à t'en occuper toi-même !


Le chien arrive en remuant la queue, comme pour apaiser ses maîtres.


Le mari : Viens, mon chien ! Toi, au moins, tu me comprends...


La femme rit. Son mari aussi. Il se lève et vient voir ce que fait sa femme.


La femme : Ça te plaît ?


Le mari : Oui ! Y a pas un défaut, là ?


La femme : T'as raison, mais je vais arranger ça après...


Une septième fenêtre s’allume à la façade de l’immeuble.

La lumière est indigo.


Scène 7 –

Une famille d'origine africaine.


Momo, le fils aîné, rape sur un fond musical. Son petit frère et sa petite soeur le regardent, affalés sur un lit. Émilio, son ami du même âge que lui et Odetta, la sœur de l'ami sont assis chacun sur une chaise dans la chambre et regardent aussi. Les parents jouent aux cartes avec des amis dans la cuisine.


Momo tend sa casquette à Émilio qui rape à son tour...


La petite sœur l'interrompt : Pourquoi toujours les garçons ? Passe-moi la casquette, c'est mon tour !


Ils se marrent. Émilio lui tend la casquette, la petite sœur se lance dans un rap humoristique.




La huitième fenêtre reste noire.



Scène 8 –

Un jeune homme.


Il dort. Solitaire.


Scène 9 –

Un homme et une femme.


Un homme et une femme passent dans la rue.

Ils s'arrêtent à l'angle de la place.

Ils regardent toutes les fenêtres de l'immeuble

allumées de différentes couleurs.


La femme : C'est insupportable !


L'homme : T'as raison. Ça ne peut plus durer...Il faut agir.


La femme : Enfin ! Tu deviens raisonnable ! Depuis le temps que je te le dis...C'est intolérable, cette diversité.


L'homme : Je suis d'accord. On va rendre toutes les lumières brunes, comme ça, plus de différence ! Tout le monde dans le même bain...

 

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A
<br /> on aimerai voir pour la mise en scène ça doit être coton.<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Je verrais bien une image projetée en fond de scène pour la façade de l'immeuble, qui s'éteindrait quand on pénètre dans chaque appartement... Pour les appartements différents, soit des décors<br /> escamotables et rapidement changés, soit une scène à compartiments différents sur un plateau tournant... Qu'en dis-tu ?<br /> <br /> <br />

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