A propos de la relation parents-enfants
Je regardais l'autre jour le film Kundun, représentant la vie du Dalaï-lama jusqu'à son exil en Inde, à l'âge de quatorze ans. Je connaissais l'histoire du quatorzième dalaï-lama, et l'invasion chinoise du Tibet en 1950. Outre le fait que ce film montre avec une évidence criante le respect dû à tout un peuple, ce qui m'a le plus frappée, ce sont les relations des tibétains à leurs enfants.
Pour ce qu'on en voit, ces relations paraissent légères. Les enfants sont naturels, spontanés, et ne manifestent l'intention de peser sur le choix des adultes d'aucune manière. Ils aiment rire tout simplement. Les adultes, eux, pourraient être décrits de la même manière, hormis le fait que quelques moines cherchent l'enfant qui sera le chef spirituel et temporel de la nation. Tous les adultes, quels qu'ils soient, montrent beaucoup d'amour envers les enfants, même s'ils ne les connaissent pas. Ils ne s'attendent pas, par exemple, à ce qu'on leur attribue l'étiquette de bon père, ou de bonne mère, et encore moins l'inverse !... Ils sont comme ils sont, tout simplement, et donnent de l'amour et en reçoivent, tout simplement. Ils ne cherchent pas à le cacher, ni à le montrer. Ils le vivent. C'est simple comme bonjour.
Chez nous, on en est à se tâter pour savoir si l'instinct maternel existe ou non. Pour savoir si on est de bons parents ou non. Si les autres nous perçoivent comme tels ou non. Qu'importe ? N'est-ce pas la relation avec nos enfants elle-même qui compte ? Et non l'image qu'on en donne aux yeux des autres ? Ou que les autres se font de nous à travers elle ? L'occident est tellement habitué à juger l'autre, c'est tellement entré dans nos gènes, qu'on en oublie de vivre, tout simplement !
De ce fait, les adolescents croient avoir du pouvoir sur les adultes qui les entourent en agissant d'une manière ou d'une autre... Beaucoup de parents démissionnent ou au contraire sévissent un peu à tort et à travers, pour qu'on ne vienne pas leur reprocher un jour qu'ils ont été de mauvais parents...Est-ce vraiment la question ? La vraie question n'est-elle pas celle de l'empathie, comme le suggérait fortement Bruno Bettelheim dans son dernier livre : Pour être des parents acceptables ?... Si nous ressentons, entre enfant et parent, l'un pour l'autre, un amour empathique, c'est-à-dire que nous sommes capables de nous mettre à la place de l'autre pour essayer de ressentir ce qu'il peut ressentir, nos décisions deviennent tout à coup beaucoup plus faciles à prendre, et la relation beaucoup plus légère, et en même temps... très émouvante. C'est vraiment ce que j'ai moi-même ressenti en voyant ce film l'autre soir. Et c'est ce que je ressens avec mes propres enfants, aujourd'hui. Merci à eux d'être ce qu'ils sont, et d'enjoliver ma vie par la leur.