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Mes contes, mes poèmes, mes calligraphies, mes dessins, mes peintures ( aquarelle, encre de Chine...), aïkido...

20 Oct

Conte d'octobre ( ou de Noël...) - 4

Publié par Françoise Heyoan  - Catégories :  #Contes

 

VI

 

 

L'enfant et l'animal tournèrent la tête pour le premier, les pavillons des oreilles pour le second qui se crispa en entendant l'homme brailler depuis la bergerie toujours le même son. Deux variations sur un même son à vrai dire... L'enfant en déséquilibre dans le chemin saisi par le gel, en pente et caillouteux, s'agrippait toujours à lui et ne lui permettait pas de se dégager en douceur. L'homme fut là.

 


 

Stupéfait, Oryx s'était mué en fossile. Il fixait à s'en brûler les yeux son petit Oryan qui s'accrochait à un animal on ne peut plus sauvage et carnivore !... Comment ne l'avait-il pas déjà dévoré, alors que ses flancs étroits disaient assez qu'il devait être affamé ? Le jeune forgeron déglutit avec peine. Son souffle refusait de lui rendre son calme. Oryan émit un balbutiement ravi et tenta une approche dans sa direction mais trébucha. D'un même réflexe, l'homme et l'animal se portèrent au secours de l'enfant. Oryx sentit le souffle chaud de la bête passer sur sa joue et recula insensiblement. Le petit avait pu se rattraper une fois encore au cou pelucheux de l'animal. Puis il passa l'arceau de ses petits bras par dessus sa tête en tentant un nouveau pas vers son père. L'animal aux yeux dorés en profita pour reculer d'un pas. Son regard croisa celui de l'homme. Il frissonna des moustaches, était-ce un signal d'agressivité ?

 

 

VII

 

 

 

L'humain empestait, alors que le petit fleurait si bon, mais il lui rappelait trop les siens et s'il revenait là, en cette fin d'hiver, c'était parce que le moment était venu pour lui de retrouver sa compagne de la saison dernière. Une image fugitive de sa superbe femelle accompagnée de son odeur identitaire le traversa presque douloureusement. Il fit un nouveau pas en arrière, sans lâcher l'homme potentiellement dangereux du regard.

 


 

Oryx se pencha tout doucement pour prendre Oryan dans ses bras, hypnotisé par ce regard inquiétant, indécis... Il pensa au même instant qu'il devait avoir le même. Il baissa les yeux volontairement et inclina la tête en une sorte de salut à l'animal. Une sorte de merci... Il releva la tête. L'animal se découpait déjà sur la crête. Le jeune homme se figea de nouveau. Une nouvelle silhouette, pareille à la première, venait d'apparaître à l'autre bout de la crête. Elle prit l'allure d'une course souple et rejoignit en un instant l'animal qui venait de les quitter. Ils approchèrent chacun le museau de l'autre en feulant doucement. Puis le mâle tourna la tête vers la bergerie où se tenait toujours l'homme immobile, qui les regardait comme si sa vie en dépendait encore... Enfin le couple magnifique s'éloigna tranquillement. L'homme pensa : On m'avait prévenu, mais je n'y croyais pas... Ou alors je voulais le voir de mes yeux... Le lynx... Et il berça tendrement son petit avant de pénétrer dans la bergerie, un sourire aux lèvres.


 

20/10/12

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