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Mes contes, mes poèmes, mes calligraphies, mes dessins, mes peintures ( aquarelle, encre de Chine...), aïkido...

30 Sep

Lumières du soir - Acte II

Publié par Françoise Heyoan  - Catégories :  #Théâtre


 

Scène 1 – Tous les occupants des appartements

partent en même temps,

le couple de la rue reste

dissimulé dans un angle de la place.


Chacun ferme sa porte à clé, après des embrassades familiales ou non.


Les enfants comme les lycéens filent, leur cartable sur le dos ou sous le bras ; la jeune mère avec son bébé dans la nacelle du landau qu'elle cale ensuite au rez-de-chaussée sur son châssis ; Elyona et son amoureux se quittent devant la porte de l'immeuble ; le couple sportif se sépare, lui va faire son jogging ; les retraités emmènent promener leur chien ; la mère africaine va faire son marché ; le jeune homme solitaire s'éloigne, un portable à l'oreille.


Les uns croisent les autres au hasard et se saluent ou oublient de le faire...



Scène 2 – Le couple de la rue, sur la place

puis dans la montée d'escalier de l'immeuble


L'homme : T'as rien oublié ?


La femme fait signe que non. Elle tend la laisse du chien à son compagnon, ouvre le coffre d'une voiture, prend la caisse de transport d'un chat, attrape un cabas en plastique assez volumineux et plutôt lourd et tous deux disparaissent dans l'immeuble.


Scène 2 – Le soir, toutes les familles rentrent chez elles

les unes après les autres


Premier appartement, celle de la blanchisseuse


La fille précède la mère dans la montée d'escalier. En arrivant sur le palier, elle trouve un tas de chiffon sur le paillasson. Elle le brandit à sa mère qui arrive :


La fille : T'as vu, m'man ! Ce drôle de truc ? Elle le lâche : Ah ! C'est sale...


La mère, s'arrêtant à la dernière marche du palier : Qu'est-ce que... ? Qui est-ce qui veut me faire mourir ?! Cette... chose ! C'est...


La fille, à part soi : Zut ! J'aurais dû la cacher... à sa mère : C'est rien, maman. C'est... un chiffon !


Mais la mère a déjà attrapé le chiffon en question et le tient entre deux doigts, l'air dégoûté :


La mère : Qui a pu faire ça à cette pauvre blouse blanche ?


La fille, dissimulant son envie de rire : Blanche ? Je dirais marron, plutôt...


La mère : Tu t'rends compte ? Comment c'est possible ?! Cette... couleur... et toutes ces taches... et ces trous...


Elle s'évanouit.


La fille : Maman ! Maman ! Réveille-toi ! C'est pas si grave ?


La mère, se réveillant en sursaut, comme piquée par un insecte : Pas si grave ? C'est toute ma réputation qui est en jeu !... Tu t'rends pas compte !...


La fille soupire en levant les yeux au ciel. Elle soutient sa mère pour la faire entrer dans l'appartement.


Deuxième appartement, le jeune couple avec le bébé.


Le bébé pleure. La jeune femme qui le porte dans la nacelle du landau est énervée et fatiguée en montant les étages à pied. En arrivant, elle s'essuie les pieds sur le paillasson et pousse un cri.


La jeune femme, soulevant un pied pour voir le dessous de sa chaussure : Qu'est-ce que c'est qu'ça ?


Elle pose le landau au sol, ce qui l'éclabousse d'un liquide.


La jeune femme : Ha ! C'est quoi, ça encore ? Elle fronce le nez : Ça pue ! C'est horrible !


Elle soulève le landau, regarde à nouveau sa chaussure : C'est pas vrai ! Le chat des voisins qui est venu faire sur notre tapis !


Troisième appartement, la jeune femme célibataire


En cherchant la clé dans son sac, elle aperçoit de loin un objet sur son paillasson.


La jeune femme : Qu'est-ce que c'est qu'ça ?


Elle se penche, retourne l'objet du bout de sa chaussure : Une couche culotte usagée ? Il va falloir que la voisine change de manières !...


Elle se précipite en face et sonne rageusement.


Quatrième appartement, la famille de l'écrivain


Le fils arrive, ses écouteurs sur les oreilles. Arrivé devant sa porte, il bute sur un tas de détritus.


Le fils : Kesako ? Mince de chez mince ! Un bouquin ! Il l'examine, ramasse des miettes de papier et le livre en piteux état, qui pendouille au bout de ses doigts : Dans quel état !... Merde ! C'est un livre de maman...


La mère arrive. Le fils tente de dissimuler les débris discrètement.


La mère : Qu'est-ce que tu fais ? Tiens, c'est quoi, ça ?


Le fils : Cékoiça ! Cékoiça ! Tu devrais faire attention à ton langage, m'man, pour un écrivain...


La mère : Ne change pas de sujet ! Qu'est-ce que t'as encore fait comme bêtise ?


Le fils : Ça fait plaisir, la bonne opinion que tu as de ton fils... Mais là, c'est pas moi. Les autres fois non plus, d'ailleurs...


La mère, soupçonneuse : Quelles autres fois ?


Le fils, soupire, lève les yeux au ciel : Laisse tomber...


Cinquième appartement, le jeune couple très occupé la nuit dernière


Ils arrivent en même temps, tout en se bécotant et en riant bêtement... Han ! Han ! L'escalier est haut ! Surtout quand on manque de souffle pour s'embrasser en même temps... Han ! Han !


Ils jouent en arrivant devant leur porte, le jeune homme envoie rouler une cannette qui dégringole bruyamment dans l'escalier.


La jeune femme : Fais attention quand même ! Il est pas d'bonne heure... Les voisins...


Le jeune homme la coupe : ...vont pas être de bonne humeur ! Il rit.


La jeune femme : Tu la sors d'où, cette cannette ? On est pas allés en courses, que je sache !


Le jeune homme : Non coupable, votre Honneur ! Je plaide... Attends ! C'est vrai, ça !


Ils se penchent tous les deux sur leur paillasson.


La jeune femme : Ha !!! C'est dégueulasse ! J'espère que c'est seulement de la bière, pas autre chose !


Le jeune homme : Ben dis donc ! Ça leur réussit pas, en face, de faire une teuf, tu crois pas ?


La jeune femme : J'm'en fous ! Y pourraient quand même faire attention aux autres ! On a rien dit pour le bruit...


Le jeune homme se marre : Et pour cause, ça nous arrangeait plutôt, hein ?


La jeune femme rit, se dégage, voulant retrouver sa colère : En plus, regarde ! Non, mais regarde ! C'est plein de miettes ! Attends ! Ça va pas s'passer comme ça !


Elle se précipite vers l'appartement d'en face et tambourine à la porte.


Le jeune homme : Arrête ! On va nettoyer...


La jeune femme : Comment, on va nettoyer ? C'est elle, oui, qui va nettoyer !...


La porte s'ouvre, apparaît la jeune femme célibataire, qui ne l'est plus depuis l'autre nuit, souriante : Oui ?


Sixième appartement, le couple de retraités,

le jeune homme célibataire et le jeune couple sans leur bébé

puis Momo, le jeune rappeur


Le jeune homme célibataire et le jeune couple sans le bébé les attendent de pied ferme en haut de leur palier. En les voyant arriver :


Le jeune homme célibataire : Ah ! C'est malin ! Vous faites semblant de le promener ou quoi, votre chien ? Pourquoi il est venu salir mon paillasson, hein ?


La jeune femme au bébé sans le bébé : Et comment ça se fait que votre chat soit venu se soulager sur le mien, de paillasson ? Hein ? Ça ne lui suffit plus, le local à poubelles ?


Les deux retraités se regardent l'un l'autre, héberlués...


L'homme : Pardon ?


La femme : Que voulez-vous dire ?


S'ensuivent des explications houleuses et confuses. Tout à coup, on entend un éclat de rire. C'est Momo, le jeune rappeur qui descendait l'escalier et arrive à leur hauteur.


Ils se retournent et plusieurs lui demandent : Hé ben quoi ?


Momo, tentant de réprimer son fou-rire : Z'avez rien vu ou quoi ? Regardez !


Il montre le paillasson des retraités. La retraitée s'approche et découvre un jouet pour bébé gluant de bave.


Elle s'adresse au jeune couple au bébé sans leur bébé : Et ça ? Vous trouvez ça normal, peut-être ?


S'ensuit une dispute houleuse et confuse.


Le retraité, soudain soupçonneux : Hé mais ! Et toi ? Il est  propre,  ton  paillasson ? Ça s'rait pas toi qui te s'rait amusé pendant que les honnêtes gens travaillent ?


Momo : Eh vas-y, grand-père ! Pourquoi ça s'rait moi ? Juste pour ma couleur de peau, peut-être ? D'abord, tu travailles, toi ?


Le retraité, prenant les autres à témoin : Vous entendez comment il me parle ? Vous êtes témoin ?


Le jeune homme célibataire : T'es sûr au moins qu'y a rien sur ton paillasson ? Viens ! On va aller voir ensemble...


La retraitée : Y a pas ! Y sait leur parler, aux mômes...


Le jeune homme l'entend et se retourne, haussant les épaules : C'est pas parce que j'vis seul que j'suis un sauvage...


Septième appartement, la famille africaine et les enfants rappeurs

le groupe de voisins précédent,

puis tous les voisins se regroupant silencieusement peu à peu.


Tout le monde suit. Ils découvrent la jeune soeur de Momo qui pleure, recroquevillée devant sa porte, un objet noir sur les genoux. Son frère s'élance :


Momo : Qu'est-ce que t'as ?


La sœur sanglote sans répondre, crispée sur la chose qu'elle tient.


Momo : C'est quoi, ça ?


Tout à coup, il comprend. En regardant le jeune homme célibataire qui approuve discrètement, il s'adresse à sa sœur : C'est un poste de radio ? Tu l'as trouvé devant la porte ?


Elle fait signe que oui.


Momo : Fais voir !


Elle refuse.


Momo : Fais voir, j'te dis !


Elle se laisse enlever le poste.


Momo, au jeune homme célibataire : Regarde ! Il est tout pourri ! Ch'uis sûr qu'c'est pas l'nôtre... Si j'tenais ç'ui qu'a fait l'coup...


Le jeune homme célibataire : T'affole pas ! Se tournant vers l'assemblée : Vous trouvez pas ça bizarre, vous ? On s'en va tous à nos occupations le matin, tout est normal. On rentre le soir, on a tous des saletés à nos portes... C'est pas possible que ce soit l'un d'entre nous...


La femme écrivain : Pourquoi pas ? Agatha Christie aurait bien pu écrire une histoire de ce genre, avec le coupable qui s'inclue dans les victimes pour égarrer les soupçons...


La retraitée : Peut-être madame, mais là, on est dans la vraie vie...


La femme écrivain, vexée, pince le nez.


Le jeune homme : Je propose qu'on aille tous dormir là-dessus, et qu'on fasse croire que tout a marché comme prévu...


Momo : C'est quoi, ce qui est prévu ?


Le jeune homme : On sait pas. Pas encore... Mais on va trouver, je vous le promets !


On entend des Oui ! Ouais ! Plus ou moins clairs ou confus, mais tout le monde semble d'accord. Chacun rentre chez soi, se met à nettoyer son paillasson et termine la soirée normalement.


Scène 3 – Le couple sur la place


Toutes les fenêtres, vues de la rue, apparaissent brunes à la fois. Le couple se sourit et hoche la tête, satisfait.

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A
<br /> ouai ouai ben les deux dehors sont dans l'coup. j'appelle Derrik<br /> <br /> <br />
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A
<br /> j'attends la suite ac impatience!<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Moi aussi ! Je ne sais pas encore vraiment où je vais... Mais j'ai hâte de trouver le temps de m'y mettre !<br /> <br /> <br />

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